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Iti Manawa

Iti Manawa

Les périples océaniques d'Emmeline et Lionel à bord de leur voilier Iti Manawa


Décembre, LE GRAND DEPART !

Publié par Emmeline Moinier sur 18 Décembre 2014, 11:08am

10 décembre 2014

Voilà, nous avons quitté notre port d'attache Bandolais pour aller goûter d'autres mers...

Auparavant, nous avons organisé un pique nique d'aurevoirs pour réunir une dernière fois nos amis autour d'Iti Manawa et son équipage... Après un samedi pluvieux et glacial, un magnifique soleil illumine notre ciel provençal pour ce dernier dimanche « entre amis »...

Il est temps de serrer dans nos bras tous nos proches, ceux que nous aimons et que nous laissons... Un fort moment d'émotions, mais avec les moyens modernes de communication, nous savons que nous resterons toujours en contact ! Et puis les amis, les vrais, on a beau se quitter pendant des années, lorsqu'on se retrouve, c'est comme si rien n'avait changé, la complicité est toujours là !

Outre du bon vin et des bonnes conserves typiquement « du cru » (encore un grand merci à nos voisins et amis de ponton – Albert et Nicole, Clau et Jean Louis, Olivier et toute la panne D!) la petite filleule de Lionel, Emilie, lui offre sa « susu » en cadeau de départ, tout un symbole ! Elle va en voir du pays celle là ! Autant que le nain du film « Amélie Poulain » !

On a le cœur gros... On verse quelques larmes et on éponge le malencontreux pipi de Domi dans les wc avant, ceux qui sont en cours de réparation... Bah oui, on change pas une équipe qui gagne !

Un ptit pot de départ sur le ponton ! Y'a du monde, petits et grands se sont réunis autour d'Iti Manawa et son équipage ! ça fait chaud au coeur !
Un ptit pot de départ sur le ponton ! Y'a du monde, petits et grands se sont réunis autour d'Iti Manawa et son équipage ! ça fait chaud au coeur !
Un ptit pot de départ sur le ponton ! Y'a du monde, petits et grands se sont réunis autour d'Iti Manawa et son équipage ! ça fait chaud au coeur !
Un ptit pot de départ sur le ponton ! Y'a du monde, petits et grands se sont réunis autour d'Iti Manawa et son équipage ! ça fait chaud au coeur !

Un ptit pot de départ sur le ponton ! Y'a du monde, petits et grands se sont réunis autour d'Iti Manawa et son équipage ! ça fait chaud au coeur !

L'équipage d'Iti Manawa !

L'équipage d'Iti Manawa !

Le lundi, on a une longue liste de « choses à faire »... Olivier nous propose une chaussette à SPI, un espèce de long tube en tissu qui sert à affaler rapidement le Spi, très pratique lorsqu'on est seulement deux à bord !

Un petit café tous les trois, des moments du quotidien qui vont nous manquer terriblement... Puis il s'agit de revendre notre inox, aller à la Poste, activer notre téléphone satellite, faire un dernier achat chez Big Ship, notre accastilleur préféré puis rentrer en vitesse car mon oncle Luc nous attend au bateau !

Un ptit apéro au cours duquel Olivier nous rejoint... des moments simples mais tellement appréciables... Puis on affronte un mistral cinglant pour aller manger « du côté de chez Swan », un très bon restaurant bandolais ! On se régale et on passe une agréable soirée, c'est décidé, Luc nous rejoindra en Guadeloupe pour faire du canyoning !

Le mardi, debout à 7h, Philippe doit passer nous livrer les tauds que nous avons fait confectionner pour les Antilles (c'est sûr que pour l'instant on ne risque pas de coup de soleil!) Je vois Lionel qui s'agite et qui me demande de me dépêcher... C'est plutôt inhabituel chez lui... Puis il m'annonce que cette journée ne sera pas dédiée aux dernières finitions du bateau, que c'est une journée surprise pour moi... Je suis un peu étonnée, même un peu agacée car il nous reste moultes détails à régler avant notre grand départ et on a d'autres priorités...

Il me bande les yeux et m'annonce que nous allons faire quelque chose qui me fera très plaisir... la chose que je souhaite le plus au monde pour cette dernière journée... je n'ose pas répondre, j'ai peur qu'il m'emmène faire du cheval dans un endroit miteux... dans ma tête, tout se bouscule car la chose qui me ferait le plus plaisir serait d'aller rendre visite à mes grands parents, passer cette dernière journée sur mes terres natales, celles de mes ancêtres, avec les êtres les plus chers à mon cœur, c'est à dire mes parents et grands parents... Mais ils habitent à Vaison la Romaine, c'est à plus de 3 heures de route d'ici... donc j'ai peu d'espoir...

Puis, lorsque je réalise que l'on roule jusqu'à Pertuis, je demande à Lionel si c'est bien ça la surprise... et oui ! Je fonds en larmes de bonheur et d'émotions... en effet, rien ne pouvait me faire plus plaisir ! Bon, maman a une intoxication alimentaire, elle n'est pas en grande forme mais elle nous accompagne tout de même ! Quel plaisir de retrouver mes grands parents et de partager un bon repas en famille ! Lionel ne pouvait me faire un plus joli cadeau d'au revoir...

Le soir, de retour à Pertuis, c'est au tour de mon frère à qui il faut dire au revoir... pas évident non plus... c'est lorsqu'on s'éloigne que l'on réalise que l'on a pas assez profité les uns des autres alors que c'était encore facile de partager des moments ensemble... Bref, c'est la vie, la nôtre, celle qu'on a choisi...

En rentrant, on se demande tout à coup pourquoi nous quittons tous ces gens qui nous aiment, notre famille, pourquoi on s'inflige une telle séparation... C'est pour vivre une autre vie, riches de pleins d'autres choses, découvrir le monde qui nous entoure, les gens qui le peuplent, s'ouvrir à d'autres horizons...

Mais nous n'oublierons jamais nos racines, « ce » et « ceux » qui nous ont façonnés, ceux qui ont l'espère, viendront nous rejoindre aux différentes escales pour partager et vivre notre rêve...

Et arrive mercredi, ce 10 décembre 2014, jour du départ, du vrai...

Debout à l'aube, nous recevons la visite matinale de Stéphane et Stéphanie, nos vendeurs préférés d'accastillage !

Puis Pascal nous rejoint... Pascal sera notre co équipier pour la transatlantique, il est venu assister au « largage des amarres » (peut être pour être bien sûr de pouvoir nous rejoindre aux Canaries!).

Sur ce, Philippe, arrive pour nous livrer les fameux tauds, Olivier se joint à nous pour partager un café, le dernier au port de Bandol...

En parallèle, je m'active pour être sûre de ne rien oublier et pour que tout soit en ordre avant de prendre la mer, même si l'étape du jour est très courte. En effet, nous devons rallier Marseille, environ 25 miles nautiques. Pas de bulletin météo d'alerte, donc nous sommes sereins.

Lionel profitera de ces dernières heures pour un petit plongeon dans le port afin de récupérer une manivelle échappée, un serre joint... Un rinçage intégral s'impose...

Pour ma part, entre l'émotion du départ, le stress de la navigation, je commence à m'impatienter... Je suis un peu énervée, et je rale après Lionel, une manière de cacher l'émotion car mes parents sont là....

Un dernier ptit plongeon dans le port, à quelques minutes du départ ! ça rafraîchit !
Un dernier ptit plongeon dans le port, à quelques minutes du départ ! ça rafraîchit !

Un dernier ptit plongeon dans le port, à quelques minutes du départ ! ça rafraîchit !

Puis il est temps de dire au revoir aux êtres les plus chers à mon cœur... Pas évident du tout... Olivier et Pascal sont empreints d'émotions également... Allez, faut y aller, larguer les amarres, définitivement... Iti Manawa ne flottera peut être plus jamais à la place D35... Il emmène à son bord un couple un peu fada mais qui VIT son rêve ! Ça y'est, on y'est ! Le jour tant attendu et redouté à la fois... Quelle déchirement dans mon cœur, d'un côté se dire que l'aventure commence, celle pour laquelle on s'est battu et qui nous guide depuis des mois et de l'autre, laisser à terre les êtres les plus chers au monde...

On hisse la grand voile, on déroule le foc et on fait des signes à mes parents, Pascal et Olivier sur la digue... Le vent est très faible, on décide donc de partir au large... On s'éloigne doucement de la côte, on ne voit que des petits points mais ce sont les étoiles de nos cœurs... Forcément, on pleure, l'émotion est tellement forte, difficile de contenir... Puis, le vent se lève... un peu, un peu, moyen et il forcit... Ahh, un peu trop rapidement pour moi, le bateau se met à giter fortement et des violentes rafales de face avec une mer cassante nous obligent à se rapprocher de la côte. 

Au revoir Port de Bandol...Au revoir Port de Bandol...
Au revoir Port de Bandol...Au revoir Port de Bandol...

Au revoir Port de Bandol...

Nous sommes au niveau des calanques de Cassis... Le vent retombe complètement... c'est vraiment bizarre...Le soleil couchant se reflète sur les falaises, c'est superbe, c'est notre pays et il est vraiment magnifique... Au loin on voit les îles de Marseille, on arrive bientôt...

Mais la Mer Méditerranée est pleine de surprises, et rarement des bonnes... Le coucher du soleil s'accompagne de la montée du vent... du Mistral, de face... On prend rapidement un ris, puis deux et trois en même temps...

On garde le sourire malgré le froid !
On garde le sourire malgré le froid !

On garde le sourire malgré le froid !

Le soleil se couche sur les calanques de notre pays...
Le soleil se couche sur les calanques de notre pays...Le soleil se couche sur les calanques de notre pays...
Le soleil se couche sur les calanques de notre pays...

Le soleil se couche sur les calanques de notre pays...

La nuit tombe, le vent forcit énormément, et là, l'enfer commence... Des rafales de plus 35 nœuds (soit environ 70 km/h) viennent coucher le bateau, pas le temps de changer la voile d'avant, on déroule un micro bout de génois...

Je suis terrorisée et impressionnée par la violence des éléments, à tel point que je rentre à l'intérieur laissant Lionel à la barre, attaché au bout de sa longe à essayer de contrôler le bateau... à l'intérieur, c'est l'apocalypse, la gîte est telle que je vois la mer ruisseler le long du rail de fargue, les hublots sont quasiment plongés dans l'eau... Je prie Eole, dieu du vent pour nous envoyer une accalmie... Au lieu de ça, les rafales se renforcent encore...

Je suis cramponnée à la table à carte et j'essaie désespérément de suivre le cheminement du bateau sur le GPS... Nous sommes au pied des calanques et nous devons slalomer entre les îles... Je suis littéralement submergée par la peur et l'émotion, ce que nous redoutions le plus est en train de se produire... cela fait à peine quelques heures que nous sommes partis et déjà nous affrontons notre première « tempête »...

La violence est inouïe, et le vent forcit tant et plus... Nous sommes dans la nuit, Lionel connaît bien le coin mais je dois faire le routage à l'aide du GPS et l'aider à virer de bord... En effet, lorsque je vois notre bateau s'approcher de la falaise, je gravis péniblement les escaliers et j'indique à Lionel qu'il faut virer... La manœuvre est périlleuse tant le bateau est penché sur l'eau... et de nuit c'est encore plus impressionnant...

Dans ma tête, le scénario catastrophe se dessine : envoyer un SOS, quitter le navire qui va s'écraser sur un rocher, le rêve se transforme tout à coup en un véritable cauchemar... Mais qu'est-ce qu'on fout là ??? pourquoi on s'inflige tout ça ??? ça y est c'est la fin du voyage ???

Bon, je suppose que Lionel n'a pas envisagé ce scénario catastrophe car il connaît bien la mer, qu'il a de l'expérience en navigation et que notre bateau est suffisamment costaud pour affronter ce genre de situation...

Nous pensons un moment à faire demi tour sur Cassis, mais impossible, on ne rentre pas dans le port à cause de nos 2,55 mètres de quille...On continue de faire des bords « carrés », c'est à dire qu'on essaye de remonter face au vent mais il nous repousse sans cesse... Puis soudain une rafale à plus de 45 nœuds... Lionel se cramponne au balcon arrière sous peine d'être éjecté... Les barres de flèche du mât sont à moins de deux mètres de l'eau... c'est inouï... La capote de roof se relève tout à coup... Lionel m'appelle car il est bloqué à la barre pour essayer de gérer au mieux le bateau... Je rabat péniblement la capote de l'intérieur et je m'aperçois que les planches de surf de Lionel, attachées sur les filières à l'avant manquent de s'envoler... Je propose (je crie en fait) d'aller les rattacher... Et là Lionel m'interdit formellement :

- « tu restes à l'intérieur et tu ne sors que pour les virements de bord »... Je réalise la gravité de la situation : prendre le risque de perdre ses planches pour ne pas me mettre en danger... J'ai l'impression que ça dure des heures et des heures, je suis notre trace sur le GPS, on n'avance pas, j'essaie de donner le cap mais je ne suis pas sûre de moi, ce que je vois sur l'écran ne ressemble pas du tout aux reliefs que je devine lorsque je passe une tête à l'extérieur... Nous parvenons à nous retrouver enfin derrière l'Île Maire, la dernière... Tout à coup abrités, le vent tombe mais Lionel me dit qu'il va reprendre de plus belle, agrémenté d'une forte houle... ça n'en finit plus, je suis épuisée nerveusement et j'imagine Lionel... Dans ma tête, tout se bouscule, toute cette prise de risque, c'est inconscient...

Encore ballottés plusieurs longues minutes, nous arrivons enfin dans la rade de Marseille, largement éclairée par toutes les lumières de la ville... Le vent se stabilise, la mer se calme... Nous passons le port de la Madrague, direction Pointe Rouge où nous avons prévenu la capitainerie de notre arrivée, de la part de Richard, un ami du ponton qui connaît bien les gars de la capitainerie de la Pointe Rouge et qui nous a négocié une place pour la nuit ! La solidarité entre marins est vraiment exceptionnelle !!

Nous sommes soulagés d'arriver enfin au port... Il s'agit à présent d'attraper la pendille. Nous sommes entre deux gros voiliers à l'entrée du port, ça prend un temps fou, le vent nous pousse contre l'un des bateaux... On finit par s'amarrer, le bateau est un peu en biais, mais ça ira largement pour la nuit prochaine...

On range le pont, on inspecte rapidement voir si on n'a pas subi de casse, tout a visiblement résisté à la tempête... Lionel prend une douche rapide car il est attendu par des amis qui commençaient à s'inquiéter et moi je reste au bateau, épuisée, dégoûtée et limite à remettre tout le projet en cause... Un coup de téléphone à ma mère au cours du quel je m'effondre en larmes... trop d'émotions, pour cette même journée, ce qu'on redoutait le plus (mais on savait que ça arriverait forcément un jour) est arrivé le jour même de notre départ... pour être bien sûr de notre volonté, pour nous rappeler notre vulnérabilité face aux éléments, que notre rêve relève aussi du challenge !

Lionel semble pressentir la tempête...Lionel semble pressentir la tempête...

Lionel semble pressentir la tempête...

Jeudi 12 décembre 2014

Le lendemain matin, après une nuit au cours de laquelle le mistral s'est établi, nous décidons de poser deux pontets à l'intérieur du cockpit afin d'y attacher une ligne de vie centrale. Ainsi, lors des virements de bord, et lorsque nous sortons du carré, nous pouvons nous attacher directement, sans avoir à se pencher vers l'extérieur du bateau pour atteindre la ligne de vie qui court le long du pont.

Mon oncle Géo et ma tante Mireille passent nous faire un dernier coucou sur place... quelle émotion de les retrouver et de leur dire au revoir ! Mon oncle Géo teste la solidité du portique et en profite pour nous livrer de la pâte de coin et des noisettes de Vaison La Romaine, préparée par ma mamie ! On risque d'en avoir besoin !

Grâce à son aide (et sa voiture!), Lionel pourra faire faire percer les deux contre plaques en inox par un mécanicien « local » et gagner un temps précieux !

Avec ma tante, nous attendons le retour de nos « hommes » sur ce bout de ponton abandonné, abritées par la digue et nous discutons des mes petits cousins ! Puis il est temps de se donner rendez-vous ailleurs, aux Antilles par exemple...

Puis on se retrouve de nouveau tous les deux, Lionel et moi, dans le mistral à plus de 50 nœuds au port ! On décide d'aller chercher un peu de pain... Mais nous sommes vraiment loin de tout... Et là, tout à coup, nous voyons notre « voisin », le propriétaire du voilier d'à côté, qui passe par hasard vérifier que les amarres de son bateau ont bien résisté à ce fort coup de mistral... Et qui nous propose de nous déposer « en ville » ! C'est super gentil de sa part et on accepte sans hésiter !

Le mistral souffle sur la pointe rouge ! Mais on garde le sourire !
Le mistral souffle sur la pointe rouge ! Mais on garde le sourire !

Le mistral souffle sur la pointe rouge ! Mais on garde le sourire !

Le soir, après examen des fichiers et prise de différentes météo, nous décidons de lever l'ancre aux aurores, direction Sète... Debout à 5h du matin, nous larguons les amarres à 6h15. Le mistral est complètement tombé.

Nous commençons par hisser la grand voile... et là, pas de chance, la drisse de grand voile vient se coincer dans le feu de pont, à mi hauteur du mât... impossible de la débloquer... Lionel court enfiler un baudrier et m'annonce qu'il va falloir le hisser au mât afin de résoudre le problème...Bon... De mon côté, le stress monte et je me dis qu'on est maudit... ça nous est jamais arrivé avant... Bon, on arrive à résoudre le problème, on déroule le génois et là, pas un brin d'air... On croise la route de deux énormes ferries qui rentrent à l'Estaque et on observe le jour se lever sur La Bonne Mère...

Au loin, on distingue la silhouette les îles marseillaises que nous avons eu tant de mal à contourner l'avant veille … Puis tout à coup, la mer devient rouge, illuminée par le reflet du soleil levant... c'est à la fois magique et un peu inquiétant...

Un dernier regard vers nos terres natales, et tous les êtres chers qui la peuplent et le vent se lève doucement pour nous pousser là-bas, de l'autre côté... On passe la Côte Bleue, Carro, le spot de planche à voile favori de Lionel, les cheminées de Fos et on arrive bientôt au pays de Crin Blanc, le petit cheval blanc et son cavalier qui se noient dans les flots pour sauver leur liberté... 

Dernier regard sur la Bonne Mère, les calanques "fatales", le Frioul, baignés par la lumière du matin...
Dernier regard sur la Bonne Mère, les calanques "fatales", le Frioul, baignés par la lumière du matin...Dernier regard sur la Bonne Mère, les calanques "fatales", le Frioul, baignés par la lumière du matin...
Dernier regard sur la Bonne Mère, les calanques "fatales", le Frioul, baignés par la lumière du matin...

Dernier regard sur la Bonne Mère, les calanques "fatales", le Frioul, baignés par la lumière du matin...

C'est à ce moment là que Lionel décide de sortir le spi et la fameuse chaussette... Le vent est au portant, pas trop fort, il faut donc tester le matériel... On hisse donc notre fameuse chaussette mais le mousqueton en plastique, trop usé, casse... Bon... on le remplace donc par une manille en inox et on reprend la manœuvre...

Pour ma part, pour l'instant, naviguer sous spi est source de stress car c'est une voile très puissante et son maniement reste délicat... et après quelques minutes d'utilisation, pas de chance, le vent se met à monter et à tourner, nous obligeant à affaler le spi en vitesse... Oufff, encore un ptit coup de chaud pour moi... c'est bon, j'ai ma dose d'émotions en à peine quelques jours !

Le soleil est avec nous, bien couverts, nous profitons de ses quelques rayons en dégustant un bon repas... puis, une fois que nous avons passé Beauduc (fief de nos week-end de kite-surf et de beuverie entre potes), le vent est tombé... pfff, on est encore loin de Sète et à ce train là, on n'est pas rendu... Le soir tombe, et avec, la petite angoisse de la navigation de nuit, surtout que le vent semble reprendre de plus belle...

En effet, Iti Manawa reprend de la vitesse et nous distinguons à présent le phare de Sète...Une pointe à 11 nœuds, belle performance, avec des moyennes à 8/9 nœuds.

Je commence à fatiguer, j'ai hâte d'être amarré au port. J'apprends à reconnaître les amers de nuit, à repérer les feux d'entrée de port, puis il est temps d'affaler, après 14h passées en mer !

Emmeline, pimousse à la barre...avec le capitaine !
Emmeline, pimousse à la barre...avec le capitaine !

Emmeline, pimousse à la barre...avec le capitaine !

L'entrée dans le port est un peu délicate, j'ai les yeux sur le GPS, la bloc marine et j'essaie de guider au mieux Lionel dans l'avant bassin. Mais des travaux ont été effectués durant l'été et il semblerait que le port ait subi des modifications. Fort heureusement, la capitainerie que nous avions contactée dans la journée nous avait bien expliqué où se situait la panne visiteurs... Après quelques manœuvres délicates, nous voilà enfin amarrés en bout de panne, oufff...

Un bon petit verre de rouge avec du bon fromage et direct au lit... Ce soir, le vent peut souffler, la pluie peut tomber, on est à l'abri, juste avant le BMS prévu pour la nuit et la journée du lendemain !

Au matin ; le visage un peu bouffi par cet air froid et vivifiant de la veille ; les parents de Lionel nous rejoignent pour aller passer la journée avec la marraine de Lionel qui habite près de Bouzigues.

Encore quelques confitures pour compléter notre « collection », quelques papiers à régler, direction Loupian, la brasserie du village. Au chaud près de la cheminée, nous dégustons avec appétit la bonne charcuterie de pays, puis la saucisse cuite au feu de bois, un régal, encore plus apprécié grâce à la présence de nos proches !

Nous profitons également de cet après midi pour faire tourner deux machines de linge sale (eh oui!!) et faire le point sur la météo, semble-t-il capricieuse... Nous profitons de l'internet « gratuit » à domicile car nous avons épuisé tout l'internet sur le téléphone de Lionel (et on est un peu bête sans internet à disposition!) mais il va falloir s'habituer, dès le passage de la frontière espagnole, terminé ! Il faudra aller dans les cybers cafés ou les wifi payant au port !

Puis il faut se dire au revoir... Cette fois, c'est au tour de Lionel de verser une petite larme et d'en avoir gros sur la patate... Désormais, on ne croisera plus personne de familier avant un bon bout de temps !

Le soir, en rentrant au bateau, un petit tour rapide sur la jetée nous permet de constater que la mer est encore très forte, les vagues viennent déferler sur le bord avec puissance... Il nous faudra prendre une décision dès le lendemain matin.

Une dernière photo des "Mancini" à bord ! Et notre bateau qui se transforme en étendoir !
Une dernière photo des "Mancini" à bord ! Et notre bateau qui se transforme en étendoir !

Une dernière photo des "Mancini" à bord ! Et notre bateau qui se transforme en étendoir !

Dimanche 14 décembre 2014

Debout à 6h30 afin d'écouter la météo, nous décidons de prendre la mer au lever du jour et d'avancer un maximum car des vents forts sont annoncés pour les jours suivants...

Arrivés dans la baie, une houle démentielle ballote le voilier et nous avec... Je suis très impressionnée, la pluie commence à tomber, ce qui rajoute encore au stress... Puis nous nous éloignons peu à peu de la baie avec un ris dans la grand voile et le génois plein... Un peu plus au large, la houle se calme et nous avançons doucement...

Puis le vent tombe complètement, la bôme claque, les voiles aussi... pourtant la météo annonçait du vent de force 2 à 4... Au bout de quelques heures, on se décide à mettre le moteur car il nous faut avancer dans notre périple... Nous passons de longues étendues plates, le ciel est bas, c'est un peu triste... Le vent reprend, on remet les voiles un moment, c'est agréable !

Mais nous décidons de nous arrêter à la nuit tombée, on voit que la bateau rentre à Port La Nouvelle. On les contacte, on est dimanche, donc seul le port de commerce est ouvert, et nous propose de nous amarrer dans le chenal pour la nuit, le temps que la plaisance nous trouve une place décente dans le port le lundi.

En fait, il y a juste le bateau de la SNSM dans le canal... et nous... Le veilleur nous accueille et nous annonce qu'il n'y a ni eau ni électricité, et qu'en fait, le port de plaisance ne fonctionne que l'été... Ah, on est le long d'une route, les quelques commerces (un bar, un restaurant) sont fermés. En face, des usines et un énorme cargo qui doit partir le lendemain matin et qui nous oblige à nous déplacer sous peine d'être « éraflés »... Bon...

On amarre le bateau comme on peut et l'on tombe nez à nez avec un travesti qui longe les bords du canal... On se demande qu'est ce qu'on fout là, c'est un endroit vraiment glauque... On croyait que c'était le coin des nudistes, mais visiblement, la région est très « open ». Malgré le BMS prévu, on se dit qu'on se lève très tôt le lendemain pour s'abriter à Port Leucate en vue du coup de vent annoncé pour les prochains jours. On ne peut pas rester là plusieurs jours, il fait un froid de canard à l'intérieur, donc on met un peu le chauffage « central » avant d'aller se coucher... (jusqu'à présent, on se chauffait avec un radiateur soufflant, relié au 220 volts au port, et là, il nous fait cruellement défaut. Heureusement, le bateau est équipé d'un chauffage branché sur le gazoil, très utile dans des cas tels que celui-ci).

Départ de Sète... Arrivée dans notre fameux chenal, un peu glauque !
Départ de Sète... Arrivée dans notre fameux chenal, un peu glauque !
Départ de Sète... Arrivée dans notre fameux chenal, un peu glauque !

Départ de Sète... Arrivée dans notre fameux chenal, un peu glauque !

Lundi 15 décembre 2014

Levés aux aurores puisque la tramontane doit se lever courant de la journée, nous sortons de notre « chenal » pour aller nous abriter à Port Leucate ou Port Vendres si la météo le permet. Un vent portant de force 4 nous pousse vite vite en direction de Port Leucate.

On hésite à tracer plus loin car on redoute le coup vent qui doit arriver (je crois que Lionel a compris que j'avais eu mon lot de frayeurs et qu'avant de me dégouter complètement, fallait y aller mollo!). Pour une fois, on joue la carte de la prudence, faut pas rigoler avec les éléments.

Après 1,5 heures de voile, on affale et on prend la direction du port, dragué à 4 mètres. On pénètre dans l'avant port en cherchant du regard la panne d'accueil. Et soudain, le bateau stoppe d'un coup ! Aggrhhh, on vient de buter dans un banc de sable, malheur de malheur !! Marche arrière à fond, on parvient à désensabler le bateau grâce au moteur pleine puissance... Oufff, on balise un peu quand même, c'est jamais bien terrible même si c'est du sable...

Puis un bateau de la capitainerie vient à notre rencontre. Le gars nous hèle : « c'est vous qui êtes restés coincés dans l'avant port ? » « bah oui, c'était marqué 4 mètres de profondeur, on ne s'était pas inquiétés ! » « oui mais avec le sale temps qu'on a eu la semaine passée, les bancs de sable ont du se former et le fond est remonté à certains endroits, il faut qu'on fasse draguer de nouveau le fond ! » … Oui ça serait bien en effet...

Il nous accompagne jusqu'au « bassin principal » et nous attribue une place. Ces sont des emplacements sur « catways ». C'est à dire qu'à l'avant, le bateau est amarré sur de gros pieux de chaque côté. Le plus chaud, c'est de se garer et de ne pas se faire pousser par le vent sur l'un des piquets. Heureusement, le gars nous aide à nous amarrer et nous discutons un moment de nos projets. Il arrive d'Australie et Nouvelle Calédonie, il se demande encore pourquoi il est rentré... Et nous on lui dit qu'on y va, chanceux qu'on est !!

En attendant, nous sommes bloqués à Port Leucate pour plusieurs jours... c'est un très grand port, immense même, mais il est situé dans un village « d'été », qui se transforme donc en une ville fantôme l'hiver. En effet, nous essayons de trouver une boulangerie ouverte... pas gagné l'histoire ! Nous errons dans les rues désertes et venteuses de cette ville morte.

Nous trouvons enfin un genre de « centre ville » qui rassemble une boulangerie, une boucherie, une supérette et un immense magasin de voile, planche à voiles, kite surf, pour le plus grand bonheur de Lionel. Nous passons le restant de l'après midi à bricoler au bateau et nous apprenons avec déception que le fort coup de vent risque de se prolonger plusieurs jours durant !

Et oui, on est dans la ville qui organise chaque année le « mondial du vent »... On comprend mieux pourquoi... C'est pas grave, ce sera l'occasion de finir d'équiper notre bateau convenablement, suite à nos navigations des jours derniers, et surtout de se reposer car je suis épuisée !

L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !
L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !
L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !

L'arrivée à Port Leucate, le village "fantôme", où nous resterons coincés plusieurs jours à cause de la Tramontane à plus de 60 noeuds ! (120 km/h) Pire que le Mistral !

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B
Super projet, super bateau, super équipage : ça va aller loin cette affaire.<br /> Bon vent et prenez soin de vous.<br /> Brice
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F
BON VENT A VOUS DEUX ! <br /> :)
E
Merci à tous pour vos gentils petits mots ! et oui, une belle aventure, un peu folle sans doute, mais qui la rend encore plus trépidante ! Pas facile de trouver des connections internet, on s'excuse pour le décalage ! On pense bien à vous, bisous !
Y
Salut à vous deux,<br /> <br /> Je découvre votre blog grace à Bubu. Je l'ai dévoré en 3 heures de lecture, il est très bien écrit et illustré.<br /> Même si j'ai vécu un peu de votre périple par procuration téléphonique et le biais de Jackie et Pascal, ça fait plaisir de lire vos aventures.<br /> En général, au moment du grand départ, celui-ci se fait en 2 fois, parce qu'il y a toujours un imprévu qui vous oblige à revenir au port d'attache. Ca n'a pas été le cas pour vous, mais par contre quelles émotions et tiraillements, puis grosse frayeur. Toutes les histoires que j'ai lues disent que c'est en Méditerranée le pire, avec la Bretagne peut-être, côté météo, vous avez donc presque fini le plus difficile.<br /> Très bonne continuation, profitez-en bien et donnez-nous de vos nouvelles souvent.<br /> <br /> Yvon
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T
Joyeux Noël!
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M
très captivant toutes vos péripéties,,, nous vous souhaitons un merveilleux voyage et restons fidèles au parcours d'ITIMANAWA... JOYEUX NOEL et BONNE FIN D'ANNEE<br /> Michelle et Daniel de Pertuis
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G
:-))))))) super continu à nous faire partager, g l impression d y être, grosse bise à vs deux
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